Journée internationale des droits des femmes ou fête de la femme ?

Par Publié Mercredi 08 Mars 2023 - 19:38

SOCIÉTÉ

Une journée initialement dédiée au militantisme, au combat pour des droits fondamentaux, la continuité d’un long chemin entamé il y a de cela plusieurs décennies en arrière, devient depuis quelque temps, une célébration anodine. Ce phénomène est observé notamment dans notre pays, où la véritable ambition de cette journée ne semble pas faire sens pour la majorité de la société.

Bonne fête de la femme ! Ou encore, joyeuse journée de la femme ! Des slogans scandés aujourd’hui à répétition.

Pour beaucoup de marocains(es), il s’agirait, pendant le 8 mars, de glorifier la femme le temps d’une journée. Ce serait donc, une sorte d’hommage à la beauté, la grâce, la délicatesse et la douceur du genre féminin. Entre cadeaux de toutes sortes, petits poèmes et mots d’amour, tout est mis en oeuvre pour valoriser les femmes en cette occasion… Tout, sauf ce qui est essentiel, ce qui représente la raison d'existence de cette date spécifique, à savoir le combat pour l’équité et l’égalité en matière juridique et sociale, celui pour une considération des femmes similaire à celle des hommes.

Alors que dans nos sociétés actuelles, et même à travers le monde entier, les disparités se font encore largement ressentir, et sont même indéniablement présentes sous toutes les formes et tous les aspects, que ce soit dans le travail, dans la rue ou au sein même des foyers, le changement et l’évolution vers une meilleure situation sont loins d’être concrètement sollicités, et le déroulement de cette journée des droits en est la preuve évidente. Puisqu’elle n’est qu’une nouvelle opportunité gâchée, car contrairement à cette idée de célébration généralisée, elle est, en réalité, censée représenter la possibilité d’un espoir d’avancement. Un espoir qui ne pourrait se réaliser en continuant d’accepter d’être complice du détournement que subit cette occasion. Se contenter du très peu qui est offert et persévérer dans l’hypocrisie liée à la jouissance des fleurs, des petits gestes et des présents reçus, ne fait que créer un état de défaitisme persistant qui empêche la prise de toute initiative.

Ce qui est le plus désolant, c’est sans doute de constater que les femmes marocaines, bien que soucieuses de leur condition, se laissent aisément influencer par cette ambiance festive inappropriée. Si nous prenons le temps de la réflexion et le recul nécessaire, il devient évident que la situation actuelle ne mérite pas d’être célébrée. Nous ignorons l’origine exacte de cette désinformation, et si elle dissimule un objectif de manipulation, et finalement ceci importe peu, puisque le pouvoir c’est nous qui le possédons.

Il nous incombe alors, de ne plus autoriser la déformation de la cause défendue par cette journée des droits des femmes, et cela en refusant de la considérer comme un événement à fêter, en tenant compte de nos responsabilités sérieusement, comme d’autres l’ont fait avant nous.

Le courage est essentiel afin de mener des actions concrètes qui honoreront véritablement cette date. Les plaisirs minimes et insignifiants qui sont accordés lors de cette journée, au détriment des véritables revendications, ne doivent plus être tolérés ou même normalisés.

Nous, femmes de cette génération, nous ne devons nous soumettre à aucune forme de corruption, car nos libertés et nos droits se doivent d’être exigés et préservés. Leur valeur étant inestimable, elle nous contraint à trouver la force de briser le silence qui règne autour de la glamourisation d’une journée originellement dédiée à l’activisme. C’est à nous, que désormais, revient la charge de rétablir le réel sens de cette cause, et d’ôter ce voile qui recouvre la vérité.