Roger Vivier : l'art du soulier

Par Mahir Chaimae Publié Vendredi 20 Novembre 2020 - 11:41

Pretties

Perles, satin, plumes, fourrure… Les souliers créés par Roger Vivier sont de véritables petits bijoux. Artiste, génie, sculpteur et innovateur, le designer français transforma durant toute sa carrière la chaussure en un objet d’art et de luxe.

Roger Vivier est l’un des créateurs les plus importants du 20e siècle. Il était un artiste accompli qui a consacré sa vie à apporter du rêve, de l’originalité et de la créativité à l’univers des chaussures.

Né à Paris en 1907, Vivier se sent d'abord attiré par le music-hall et la scène. En parallèle à ses études aux Beaux-Arts de Paris, en 1924, il fait de la figuration au théâtre de Belleville le soir. En 1926, il prend une autre direction et va apprendre comment fabriquer une chaussure dans les ateliers d'amis de la famille. Sa carrière bien remplie débute dans les années 1930. Monsieur Vivier fréquente alors régulièrement le Moulin Rouge, le Casino de Paris et les Folies Bergères, où il rencontre la chanteuse française Mistinguett et l’actrice Joséphine Baker, et réalise ses premiers souliers sur mesure pour elles. 

Quatre ans plus tard, le jeune homme ose franchir le pas et ouvre sa boutique de chaussures dans l'une des adresses les plus prestigieuses de Paris. Roger a alors commencé à collaborer avec les grands noms de la mode, d'Yves Saint Laurent, Elsa Schiaparelli, Pierre Balmain et Emmanuel Ungaro à Guy Laroche, Jean Patou, Nina Ricci et Madame Grès.

La Seconde Guerre mondiale l’oblige à arrêter ses activités. Après une brève période à l’armée, Vivier quitte la France pour les États-Unis en 1941. Pendant le voyage, il fait la rencontre de la modiste Suzanne Rémy avec qui il commence à créer des chapeaux. Leur succès est tel qu’ils ouvrent une boutique à Madison Avenue. 

Un style qui marqua à jamais l’histoire de la mode 

À la fin de la guerre, Roger Vivier décide de retourner à Paris pour continuer le design de chaussures. Il rencontre Christian Dior pour la première fois dans la capitale française, lors d’une soirée. Vivier ayant passé un contrat d’exclusivité avec Herman Delman, il ne peut guère créer de chaussures pour d’autres. Il propose alors ses services de chapelier à Dior. Mais le couturier n’est pas convaincu et aimerait que Vivier rejoigne son équipe. Christian Dior signe un contrat de cinq ans avec Herman Delman en 1953.

Pendant deux ans, les chaussures créées par Vivier porteront les noms de Delman et de Christian Dior. Les deux créateurs se complémentaient en introduisant un type de féminité qui occupera le devant de la scène entre la fin des années 40 et les années 50. Ainsi, le nom de Vivier apparaîtra à côté de celui de Dior dès 1955, un honneur que le couturier n’avait jamais fait à personne. Il dessinera les souliers des collections du couturier de 1953 à 1963. Dès cette époque, toutes les femmes s’arrachent ses modèles.

L'escarpin, un incroyable talon 

En 1953, Roger Vivier conçoit une paire d'escarpins en cuir de chevreau or cloutés que  la reine Elizabeth II porte le jour de son couronnement.  En 1954, Viver invente le talon aiguille « qui, explique-t-il, termine la silhouette d’un coup de crayon ».  Les talons aiguilles ont certainement été découverts à la fin du XIXe siècle, comme l'attestent de nombreux croquis, mais Vivier est connu pour faire revivre et développer ce style opulent en utilisant une fine tige d'acier. En plus de cela, le créateur a continué à expérimenter avec plusieurs formes y compris la virgule et les cuissardes. Pour ses modèles Il utilise de la soie, des perles, des perles, de la dentelle et des bijoux pour créer des décorations uniques pour ses chaussures.

C’est en 1965 que la collection « Mondrian » d’Yves Saint Laurent permet de mettre en exergue des escarpins noir verni ornés d’une boucle en métal sur l’empeigne. Il s’en vend cinquante paires chaque jour et le succès mondial sera immortalisé par Catherine Deneuve dans « Belle de jour » en 1967, année dans laquelle Roger Vivier lance sa première collection de sacs à main. Il s’agit également de l’année où il dessinera les fameuses cuissardes que porte Brigitte Bardot sur sa Harley-Davidson.

Des créations qui résument l’évolution des femmes

Avec ses milles idées, Roger Vivier a fini par laisser une empreinte sur l'histoire de la chaussure.  Ses créations résument parfaitement les changements des femmes au cours des dernières décennies. Dans chaque dessin, Vivier raconte une histoire, décrit une partie de lui-même et de son monde. Le type de femme à qui Vivier raconte son histoire est spécial: c'est une forte personne qui laisse sa marque, qui ne s'éteint jamais, qui se renouvelle pour toujours. Elle est capable d'être et de vivre à son époque. 

Stars de cinéma, reines, premières dames: c'étaient des femmes indépendantes capables de faire leurs propres choix, du moment que cela signifiait vivre pleinement leur vie et écrire leurs propres histoires. Ce sont les femmes qui ont inspiré Vivier, ont également été des modèles pour les jeunes générations.

Depuis son début Roger vivier, maître de l’élégance séduit la Femme grâce son exubérance et son originalité mais de par son savoir-faire. Imaginant la chaussure comme une œuvre, l’homme fait du talon une force. Un héritage que Bruno Frisoni, a repris avec succès depuis son arrivée à la création artistique en 2002 avec comme ambassadrice Inès de la Fressange, symbole de l’élégance parisienne.