Facebook

Sexualité

Traumas sexuels : comment guérir, comment en parler ?

Sexualité

En parler. Deux mots simples, presque banals, mais qui, pour de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles, relèvent de l’impossible. Le trauma sexuel ne laisse pas toujours de traces visibles. Pourtant, il fracture l’intime, brise la confiance et redessine le rapport au corps, à l’autre, au monde. Guérir ne se fait pas en silence. Mais encore faut-il pouvoir, un jour, poser des mots sur l’indicible.

Les statistiques sont éloquentes : une femme sur cinq aurait subi une agression sexuelle au cours de sa vie, selon l’OMS. Et pourtant, la majorité de ces violences ne sont jamais signalées. Pourquoi ce silence ? Par peur de ne pas être crue. Par honte, souvent intériorisée. Par pression sociale ou familiale. Parce que l’agresseur est un proche. Parce qu’on vit dans une société où l’on continue, parfois, à demander à la victime comment elle était habillée plutôt qu’à l’agresseur pourquoi il a commis l’irréparable.

Mais ce silence a un prix : l’enfermement dans le trauma. Troubles anxieux, troubles du sommeil, perte de désir, douleurs physiques, phobies, isolement... Les manifestations peuvent être multiples et durables. D'où l'urgence de reconnaître que parler est un acte de survie, pas une preuve de faiblesse.

Pourtant, il n’y a pas de calendrier universel. Certaines femmes parlent quelques jours après les faits. D'autres, des années plus tard. Il faut parfois du temps pour nommer ce qu'on a vécu, comprendre que ce n’était pas « de notre faute », ou simplement trouver une oreille qui sache écouter sans juger.

La guérison, elle, est un chemin complexe, mais possible. Elle passe souvent par un accompagnement thérapeutique. Des psychologues spécialisés en trauma, des psychiatres, des sexologues, mais aussi des approches alternatives comme l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), la thérapie somatique, ou encore l’art-thérapie peuvent aider à réintégrer l’événement dans son histoire personnelle sans qu’il en prenne toute la place.

Les groupes de parole, les cercles de soutien entre femmes, les témoignages en ligne ou en livre sont aussi des ressources précieuses. Ils permettent de sortir de l’isolement, de créer du lien, de dire « moi aussi » sans peur d’être seule.

Mais la reconstruction ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des victimes. Elle implique une responsabilité collective : celle d’une société qui doit créer un espace de confiance, d’écoute et de justice. L’éducation au consentement, la formation des professionnels de santé, des forces de l’ordre, des enseignants, le traitement médiatique respectueux des témoignages : chaque maillon compte.

Certaines femmes, après avoir traversé cette épreuve, choisissent d’en faire une force. En militant, en écrivant, en prenant la parole dans l’espace public. D’autres, à l’inverse, préfèrent rester dans la discrétion, préserver leur intimité, panser leurs blessures loin du regard des autres. Toutes les postures sont légitimes. Car il n’y a pas une seule façon de survivre. Il n’y a que des chemins différents vers la même chose : la liberté retrouvée.

Trauma ne veut pas dire fin. Cela peut être le début d’un nouveau rapport à soi. Fragile, lent, douloureux parfois. Mais vrai, sincère et surtout possible.