

On la reconnaît sans la voir. Sa voix résonne dans des publicités, des documentaires ou des dessins animés, mais son visage reste dans l’ombre. Anna, comédienne voix-off, nous fait découvrir les coulisses d’un métier méconnu, où le timbre, l’intonation et l’émotion remplacent le costume et les projecteurs.
ANNA : Bonjour In Secret ! Je suis comédienne voix-off, mais avant de prêter ma voix, j’ai commencé par faire du théâtre. C’est là que j’ai découvert le plaisir de donner vie à un personnage, de jouer avec les intentions, les émotions. Par la suite, j’ai étudié la communication visuelle, puis l’audiovisuel. Aujourd’hui, je prête ma voix à des films, des séries, des dessins animés, des documentaires… et aussi à la publicité, qui est un domaine que j’adore depuis toujours.
ANNA : Depuis toute petite, je suis fascinée par les voix. Les slogans des publicités, les dialogues de films... Je les retenais, je les imitais, je pouvais les écouter en boucle, je prenais plaisir à les décortiquer mais je ne réalisais pas encore que ce plaisir-là pouvait devenir un métier.
Un jour, j’ai fait la connaissance de Raoul Miclo, le créateur de la saga audio “Red Universe”, qui m’a proposé de prêter ma voix à ses projets. L’expérience m’a énormément plu et m’a donné envie d’aller plus loin dans cet univers. J’ai ensuite enchaîné les castings, envoyé des démos, et les opportunités ont commencé à se concrétiser.
ANNA : Pas consciemment, mais la voix a toujours eu une place particulière dans ma vie.
C’est en avançant, en testant, en explorant, que tout s’est naturellement recentré autour de ma sensibilité auditive et de mon envie de jouer.
ANNA : Je donne vie à des personnages, à des textes, uniquement avec ma voix. Je dois un peu m’effacer pour laisser exister ce que je double ou ce que je raconte. C’est un travail d’interprétation et de précision. Mon rôle, c’est de porter l’intention, de transmettre l’émotion, de suivre le rythme, sans voler la vedette à l’image ou au message.
ANNA : Les deux. J’ai la chance d’avoir un petit home studio qui me permet d’enregistrer certains projets à distance, notamment des voix-off pour des documentaires, de la pub ou des formats institutionnels. Mais pour le doublage, les dessins animés ou certaines pubs plus exigeantes techniquement, j’enregistre en studio. J’aime bien cette alternance, le confort du travail à la maison et l’énergie du studio avec l’équipe.
ANNA : Aucune journée ne se ressemble vraiment, et c’est ce que j’aime. Il y a des jours où j’enchaîne plusieurs studios, avec des univers très différents à chaque fois : un film le matin, une pub l’après-midi, un dessin animé en fin de journée, c’est varié, intense et j’adore ça.
D’autres fois, je travaille depuis chez moi, sur des voix-off de documentaires ou des projets plus calmes.
ANNA : Je le vis plutôt bien, justement parce que ça me permet de rester libre. Les gens reconnaissent parfois ma voix sans savoir que c’est moi, et j’aime bien cette discrétion. Ça me donne une certaine forme d’intimité dans mon travail. Et puis ce qui compte le plus pour moi, c’est ce que je transmets à travers la voix, pas l’image qu’on se fait de moi.
ANNA : Il faut de la patience, c’est certain. Ce n’est pas un métier où tout arrive d’un coup, il faut accepter de construire les choses petit à petit. Il faut aussi être capable de s’adapter très vite, de comprendre l’intention d’un personnage en quelques secondes. Et surtout, il faut de la passion. Parce que c’est cette passion qui donne envie d’être là, de s’accrocher, de progresser, de toujours se dépasser.
ANNA : J’ai mes petits rituels pour me mettre en condition. Je commence souvent par une infusion gingembre-réglisse-eucalyptus, avec du miel, un peu de poivre et parfois une branche de thym, un mélange maison pour réveiller ma voix en douceur. Je chante dans la voiture en allant au studio, ça chauffe ma voix et ça me met dans un bon mood.
Une fois sur place, je prends quelques instants pour me recentrer, me détacher de mes petits soucis du quotidien et me connecter pleinement au personnage que je vais interpréter. Il faut savoir faire le vide, s’apaiser intérieurement et laisser toute la place à ce qu’on vient raconter.
ANNA : Je fais attention à mon hygiène de vie en général. Je m’hydrate beaucoup, j’évite de forcer sur ma voix en dehors du travail et j’essaie d’avoir un rythme de sommeil le plus régulier possible. Je prends aussi des infusions régulièrement, surtout en période d’enregistrement intense. Et quand je sens que mes cordes vocales sont un peu fatiguées, je fais appel à ma plante magique : l’Erysimum. Elle a souvent sauvé ma voix. Et surtout, j’essaie d’écouter mon corps et de ralentir quand il le faut.
ANNA : J’adorerais doubler un personnage important dans un jeu vidéo. C’est un univers qui me passionne depuis longtemps, et je trouve que la place de la voix y est très importante. On incarne un personnage dans plein de situations différentes, on passe par plusieurs émotions, c’est une immersion incroyable pour le joueur. Ce serait un rêve de pouvoir contribuer à ça, de prêter ma voix à une héroïne qu’on suit pendant des heures et de vivre toute une aventure à travers elle.
ANNA : Je dirais qu’il faut accepter que ça prenne du temps. C’est un métier qui demande de l’endurance, de la curiosité et beaucoup de passion. Il faut apprendre, recommencer, se remettre en question, parfois plusieurs fois dans la même journée. Ce qui compte, c’est de toujours chercher à faire mieux, gagner en justesse, en naturel. Et surtout ne pas chercher à copier, mais s’inspirer des meilleurs pour trouver sa propre voix. Puis, écouter les voix autour de soi… dans la rue, à la télé, en studio. C’est, selon moi, une des meilleures façons de progresser.