Les nouveaux visages du soft power marocain : talents, créativité et influence globale
Partager
Le Maroc, longtemps cantonné à une diplomatie classique basée sur les accords bilatéraux et les relations politiques, s’affirme aujourd’hui comme un acteur majeur du soft power mondial. À travers des personnalités aux trajectoires exceptionnelles, le Royaume exporte une image moderne, dynamique et résolument tournée vers l’avenir. Forbes Africa, en consacrant récemment plusieurs figures marocaines comme « ambassadeurs officieux » de leur pays, n’a fait que confirmer une tendance de fond : l’influence marocaine ne se limite plus aux chancelleries, elle s’écrit dans les récits personnels, les réussites entrepreneuriales, les exploits sportifs et les créations culturelles.
Une montée en puissance dans le Global Soft Power Index
En 2024, le Maroc a fait un bond significatif dans le Global Soft Power Index, se hissant dans le top 50 des nations les plus influentes. Cette progression n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans une stratégie nationale où l’État, la diaspora et les acteurs privés collaborent étroitement pour promouvoir une image d’un Maroc ouvert, innovant et créatif. Les initiatives se multiplient, qu’il s’agisse d’organiser des événements culturels de renommée internationale, de renforcer les partenariats scientifiques ou de valoriser les figures de la diaspora à travers le monde.
La science comme moteur d’influence : l’exemple de Rachid Yazami
Parmi ces figures de proue, le physico-chimiste Rachid Yazami tient une place particulière. Inventeur de l’anode en graphite pour les batteries lithium-ion, il a révolutionné des secteurs clés comme la mobilité électrique et l’électronique mobile. Grâce à lui, le Maroc s’affirme comme un acteur crédible dans le domaine des technologies de pointe, contribuant à projeter une image d’innovation sur la scène internationale.
Ce « soft power scientifique » s’appuie sur un capital de savoir et des collaborations stratégiques. Dans un contexte où la transition énergétique et la souveraineté technologique deviennent des priorités globales, le parcours de Yazami illustre comment la recherche et l’ingénierie marocaines peuvent rivaliser avec les grandes puissances.
La culture comme levier d’influence mondiale
L’humour, le cinéma, la littérature et la musique sont devenus des piliers du soft power marocain. Des figures comme Jamel Debbouze et Gad Elmaleh, humoristes à la renommée internationale, ont su bâtir des ponts culturels solides entre le Maroc, la France et l’Amérique du Nord, tout en renouvelant la représentation des diasporas maghrébines au grand écran.
Dans le domaine du cinéma, Assaad Bouab, acteur franco-marocain, s’impose comme une figure familière des séries internationales, contribuant à déconstruire les stéréotypes attachés aux personnages d’origine arabo-musulmane. Sur la scène littéraire, des auteurs comme Tahar Ben Jelloun et Leïla Slimani traduisent une parole marocaine universelle, abordant des thématiques contemporaines telles que l’exil, les droits individuels ou encore les tabous sociaux.
Sport et musique : une influence urbaine qui séduit les jeunes générations
Le sport et la pop culture incarnent une autre facette du soft power marocain, particulièrement auprès des nouvelles générations. Le rappeur French Montana, originaire de Casablanca, s’est imposé comme une figure majeure du rap mondial, tout en restant un ambassadeur actif de ses racines marocaines. Grâce à ses collaborations internationales et à ses engagements philanthropiques, il démontre comment la musique peut devenir un vecteur puissant d’influence culturelle.
Sur le terrain sportif, des stars comme Achraf Hakimi, latéral du PSG, et le kick-boxeur Badr Hari incarnent l’excellence marocaine. En plus de leurs exploits, ils projettent une image de performance, de résilience et de fierté nationale. Avec la co-organisation de la Coupe du monde 2030, le Maroc mise sur le sport comme levier structurant de son influence mondiale.
Une diplomatie culturelle structurée et ambitieuse
Loin d’être le fruit du hasard, cette montée en puissance repose sur une diplomatie culturelle et économique stratégique. Des figures comme l’architecte Jamal El Karkouri ou la productrice Bouchra Réjani illustrent cette approche. En modernisant les codes architecturaux marocains ou en développant des formats audiovisuels globaux, ils inscrivent le Maroc dans les circuits internationaux de l’économie créative.
Le pays multiplie également les festivals, les productions cinématographiques et les initiatives en faveur des industries culturelles. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre du Nouveau Modèle de Développement, qui reconnaît explicitement le rôle central du soft power dans l’avenir économique et diplomatique du Royaume.
Transformer l’influence en opportunités durables
Si ces trajectoires individuelles et cette reconnaissance internationale témoignent de l’essor du soft power marocain, elles posent également un défi stratégique : comment transformer ce capital symbolique en opportunités concrètes pour le pays ?
Dans le domaine sportif, l’enjeu est clair : faire des grands événements comme la CAN 2025 ou la Coupe du monde 2030 des catalyseurs d’investissements durables. De même, sur le plan scientifique et culturel, il s’agit de créer des passerelles entre ces figures internationales et les jeunes générations marocaines, afin de favoriser l’émergence de nouveaux talents.
Le Maroc dispose aujourd’hui d’un outil puissant pour s’imposer sur la scène mondiale. Reste à consolider ce « logiciel de la nation » pour en faire un véritable moteur de développement, au service d’une jeunesse ambitieuse et d’un avenir prometteur.






