SOCIÉTÉ
Association Les Citoyens : plaidoyer pour une jeunesse audacieuse
Une jeunesse marocaine engagée, mais trop souvent invisible. Portée par l’association Les Citoyens, une enquête nationale révèle des jeunes critiques, actifs et en quête de reconnaissance, prêts à redessiner les contours d’une citoyenneté inclusive.
Parfois effacée, souvent sous-estimée, mais toujours présente : la voix des jeunes Marocains ne demande qu’à être entendue. C’est le cri du cœur d’une génération entière qui se révèle à travers une enquête inédite, présentée ce 17 juillet par l’association Les Citoyens. Intitulé « Comment les jeunes voient-ils l’engagement citoyen ? », ce rapport est bien plus qu’une photographie sociologique : c’est un manifeste vivant, porté par 1.100 jeunes âgés de 19 à 24 ans, répartis dans les 12 régions du Royaume.
Une jeunesse qui agit, à sa manière
Oubliez les clichés d’une jeunesse désengagée. Près de 72% des personnes interrogées affirment avoir déjà participé à une initiative citoyenne. Mais attention : ces engagements restent souvent informels et hors des radars institutionnels. Ici, on parle d’organiser une collecte dans le quartier, de sensibiliser via Instagram ou de lancer une action locale spontanée... Pas de pétitions ni de conseils consultatifs. Pour 42% des jeunes, ces dispositifs « officiels » semblent trop complexes, trop lointains.
L’étude révèle un paradoxe touchant : cette jeunesse est à la fois volontaire et profondément méfiante envers les institutions. Plus de 70% déclarent ne pas avoir confiance en leurs élus. Un sentiment d’invisibilité persiste, nourri par des procédures administratives labyrinthiques et un manque flagrant de retour de la part des autorités.
Le numérique, arme d'engagement… à double tranchant
Les réseaux sociaux ? Ce sont les nouveaux forums citoyens. Près de 70% des jeunes y trouvent un espace d’expression et de mobilisation. Pourtant, derrière les likes et les hashtags, peu parviennent à faire le lien avec les mécanismes de participation formels. Et la fracture numérique n’est pas un détail : certains n’ont même pas accès à une connexion stable, encore moins à des plateformes intuitives et interactives.
Heureusement, des propositions émergent. Le rapport recommande notamment d’intégrer l’éducation à la citoyenneté dès l’école, de créer des commissions « jeunesse » au niveau communal, d’instaurer des budgets participatifs et de soutenir les initiatives locales à fort impact. Et Parmi les idées les plus audacieuses : transformer les maisons des jeunes en hubs civiques – véritables laboratoires de l’engagement territorial.
Cafés citoyens et Labs d’idées : un Maroc en dialogue
Au cœur de ce mouvement ? Les Cafés Citoyens, plus de 1.000 rencontres organisées pour libérer la parole et nourrir une démocratie participative. Autre espace innovant : les Labs Citoyens, lancés pour co-construire des solutions autour de l’éducation, de l’employabilité et de l’engagement. En ligne de mire : un hackathon national, prévu avant les élections de 2026.
Ce rapport est un appel vibrant à la reconnaissance. L’association Les Citoyens rappelle que le Maroc de demain ne peut se faire sans ses jeunes. Il est temps de passer d’une vision paternaliste à une gouvernance véritablement partagée. Car ces jeunes – critiques, créatifs, et engagés – ne demandent pas la permission : ils demandent des passerelles.
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