Droits de femme
Bientôt plus d’égalité en héritage ?
Formé à la demande du souverain, une commission consultative avait écouté la société civile quant à une nouvelle réforme du Code de la famille. Une réforme qui devrait insuffler plus d’équilibre entre la situation actuelle des femmes au Maroc et la Constitution de 2011, qui établit la pleine égalité entre les sexes. Qu’en est-il de la question sensible de l'égalité en matière d'héritage ?
Parmi les revendications les plus appuyées par les militantes féministes : les discriminations en matière d’héritage. Toutes espèrent la suppression de la tradition dite du Tâasib (héritage par agnation) qui veut que, en l’absence d’héritiers masculins, les parents masculins les plus proches (oncle, cousin ou autre) entrent de droit dans la succession. Pourquoi ? Parce qu’une fratrie de sœurs ne peut capter la totalité d’un héritage. Autrement dit, lorsque des filles n’ont pas de frère(s), à la mort de leur père, oncles et cousins viennent t hériter avec elles !
Les militantes et défenseurs des droits des femmes soulignent cependant que le Tâasib, n’a pas de fondement coranique (dans le texte), puisqu’il relève du droit coutumier, qui est donc accessible au champ d’interprétation du texte religieux.
Si pour les féministes, pour qui la réforme de la Moudouwana doit purement et simplement abolir la discrimination basée sur le sexe et la religion, tout dépendra cette fois de la volonté des oulamas, de faire acte d’ijtihad, et de permettre une interprétation du Coran et de la Charia afin de l’adapter à notre époque.
Deuxième obstacle, la société marocaine elle-même. Selon la dernière enquête l’Économiste-Sunergia (août 2022), à la question « Êtes-vous pour l’égalité homme-femme en matière d’héritage ? », 69 % des Marocains sont contre, tandis que 23 % d’entre eux sont favorables à l’égalité homme-femme en matière d’héritage. Et parmi les opposants à l’égalité entre les deux sexes dans l’héritage, 65 % sont des femmes ! Seules 29 % des femmes sont pour cette évolution.