

Artiste peintre et créatrice de bijoux marocaine, Asmae Allali donne corps à l’invisible et explore la fragilité comme une force. À travers des figures féminines fragmentées et une palette vibrante, elle explore la complexité de l’âme et du corps, guidée avant tout par l’instinct.
R : Bonjour Asmae ! Pouvez-vous vous présenter brièvement ? Qui est Asmae Allali ?
A : Bonjour InSecret ! Je suis une artiste pluridisciplinaire, entre peinture et design joaillier. Mon parcours s’est construit auprès de grandes maisons de la place Vendôme à Paris, ainsi qu’avec une recherche artistique très personnelle. Mon travail est une manière d’exprimer mes émotions à travers la matière, la forme et le trait.
R : Quand et comment avez-vous commencé à peindre ? L’art a-t-il toujours fait partie de votre vie ?
A : L’art a toujours été là, d’abord à travers le dessin, puis la création de bijoux. La peinture est arrivée plus tard, comme une évidence. Elle m’a permis de me libérer émotionnellement et d’explorer mon univers de façon plus intime.
R : Vous êtes à la fois artiste peintre et créatrice de bijoux. Comment ces deux disciplines se nourrissent-elles l’une l’autre ?
A : Elles sont très complémentaires. La joaillerie m’a appris la précision, le souci du détail. La peinture m’offre, elle, plus de liberté. Les deux se rejoignent dans l’attention portée au geste et à la beauté des formes.
R : Vos tableaux ont une empreinte distinctive : des formes sensuelles, des lignes fortes et une palette souvent dominée par le rouge. Comment décririez-vous votre style ?
A : Mon style est à la fois sensible et affirmé. Je travaille beaucoup avec le trait, la ligne, les courbes. Le rouge est fondamental dans mon travail : il exprime la vie, la force et l’émotion.
R : Vos œuvres semblent être le point de rencontre entre précision et spontanéité. Comment réussissez-vous à jongler entre le contrôle du trait et la liberté du geste ?
A : Je commence souvent avec une idée claire, mais je laisse aussi beaucoup de place à l’instinct. Mon trait évolue naturellement, selon ce que je ressens. Je cherche un équilibre entre rigueur et liberté.
R : Quelle place occupe la femme dans votre travail ?
A : Elle est au cœur de mon travail ! Je représente des femmes fortes, fragiles, en transformation. Ce sont des figures de liberté, d’émancipation, mais aussi de tension intérieure. À travers elles, je rends hommage à l’identité féminine dans toute sa richesse et sa complexité.
R : Vous semblez jouer avec la déconstruction du corps et l’abstraction. Qu’est-ce que cela raconte pour vous ?
A : Le corps, je le déconstruis pour en dire plus sur l’âme. Je ne cherche pas à représenter, mais à faire ressentir. Les formes fragmentées racontent l’émotion, le mouvement, la quête d’identité.
R : Comment une œuvre naît-elle chez vous ? Est-ce une émotion ou plutôt une image mentale ?
A : C’est souvent une émotion forte qui déclenche le processus. Ensuite, l’image vient, mais toujours guidée par ce que je ressens. Le geste suit, presque comme une écriture instinctive.
R : Quelle technique utilisez-vous (matériaux, formats, outils) ? Et comment choisissez-vous les supports de vos œuvres ?
A : Je peins principalement à l’huile. C’est une technique qui me permet de travailler les couleurs en profondeur et de faire des fondus. Je choisis généralement la toile pour les grands formats, et le papier pour des travaux plus spontanés ou plus intimes. Mon choix dépend de ce que je veux exprimer dans chaque œuvre.
R : Quelles sont vos principales sources d’inspiration, humaines ou symboliques ?
A : Le corps, les émotions, les relations humaines. Je suis inspirée par ce qui est à la fois vivant, fragile et fort. La danse, la musique et la nature m'influencent aussi beaucoup, tout ce qui met le mouvement en vibration.
R : Y a-t-il des artistes ou des mouvements qui vous ont particulièrement marquée ?
A : Le travail de Louise Bourgeois m’a profondément marquée. J’ai particulièrement été bouleversée par sa manière d’explorer la mémoire, la féminité, ainsi que la douleur. Egon Schiele, pour l’intensité de ses lignes. Et plus largement, l’expressionnisme pour son langage brut et incarné. J’ai aussi une admiration pour les arts primitifs, pour leur force symbolique et essentielle.
R : Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes artistes qui hésitent à se lancer ?
A : Osez ! Osez vous écouter ! Osez créer, même dans le doute. L’art n’est pas une réponse, c’est une question permanente. Il n’y a pas de vérité figée, seulement des tentatives sincères. Et dans cette sincérité, il y a toute la beauté du geste !
Retrouvez Asmae Allali sur Instagram : @insana_aa