

Quand l’intimité devient une arme, les dégâts sont souvent irréversibles. Le revenge porn — ou “pornodivulgation non consentie” — désigne la diffusion de photos ou vidéos intimes sans le consentement de la personne concernée, souvent à la suite d'une rupture. Et dans la majorité des cas, ce sont des femmes qui en sont les cibles. Derrière les images, c’est toute une vie qui peut basculer.
Le revenge porn n’est pas une simple vengeance. C’est une violence. Une atteinte grave à la vie privée, à la dignité, à l’intégrité psychologique. Les victimes subissent souvent un choc émotionnel intense : perte de confiance, isolement, dépression, voire pensées suicidaires. Dans certains cas, ces contenus circulent sur des forums, par messagerie privée ou sur les réseaux sociaux. Et même lorsqu’ils sont supprimés, les traces restent, les captures circulent, et l’atteinte à la réputation peut durer des années.
La banalisation du partage intime, notamment dans les relations amoureuses, rend la collecte de ces contenus plus fréquente. Beaucoup de personnes ne mesurent pas les conséquences d’un acte numérique impulsif. À cela s’ajoute une culture du contrôle et de la domination, qui vise, à travers la honte, à faire taire ou punir.
Se protéger commence par de bonnes habitudes numériques. Ne jamais partager de contenu intime identifiable, même à une personne de confiance. Ce n’est pas une question de paranoïa, mais de précaution. Il est également conseillé de protéger son téléphone, son cloud et ses applications avec des mots de passe forts et différents. Évitez de stocker des images sensibles ou chiffrez-les si c’est indispensable. Désactivez le stockage automatique sur les applications de messagerie et limitez l’accès à vos réseaux sociaux en activant les paramètres de sécurité avancés.
Si cela vous arrive, ne paniquez pas. Vous n’êtes pas seule. Il existe des recours. Il faut commencer par faire des captures d’écran et constituer un dossier de preuves : dates, liens, comptes impliqués. Signalez immédiatement les contenus aux plateformes concernées. La plupart ont des politiques strictes sur la diffusion de contenus intimes. Ensuite, portez plainte. Au Maroc, la diffusion non consentie d’images intimes est punie par la loi. Enfin, n’hésitez pas à contacter des associations spécialisées en cybersécurité ou en soutien aux victimes de violences faites aux femmes.
Le revenge porn est un phénomène mondial, mais aussi un combat générationnel. Celui pour le respect du consentement, y compris numérique. En parler, s’informer, protéger les plus jeunes et soutenir les victimes, c’est poser les bases d’un web plus juste — et surtout plus sûr.
La technologie évolue vite. La loi et la conscience collective doivent suivre. Défendre sa vie privée, c’est refuser que notre corps, notre confiance ou notre passé soient utilisés comme armes. Et cela commence par une prise de parole… libre et sans honte.
Profitant de son passage à Casablanca, la chanteuse...