

Quand Salif Keita entonne Africa et que la foule reprend, d’une seule voix, les paroles, c’est un frisson collectif, une unité spontanée, comme si, le temps d’un instant, Rabat devenait le cœur battant du continent. Retour sur une soirée où la musique a dansé avec l’âme.
Il est un peu plus de 14h, ce vendredi, lorsque la Villa des Arts de Rabat s’apprête à accueillir la légende vivante de la musique africaine. Dans la salle dédiée aux échanges avec la presse, Salif Keita fait son entrée. Sa voix douce, posée, précède sa renommée. Car l’homme est bien plus qu’un musicien. Salif Keita, la voix d’or de l’Afrique, incarne depuis des décennies l’âme musicale du continent. Chanteur engagé et figure emblématique du Mali, il fait rayonner la culture mandingue à travers le monde.
Depuis près de cinquante ans, il est aussi un militant inlassable de la cause des personnes atteintes d’albinisme. Une lutte qu’il mène avec force et humilité, fort de son histoire, de son regard particulier sur le monde… et de son absence de regard, justement.
Quand on lui demande comment, en tant que malvoyant, il communique avec son public, il répond simplement : « Je n’ai pas besoin de le voir. Un public, ça se ressent. » Et on comprend qu’il s’apprête, le soir même, à livrer bien plus qu’un concert. Une transmission, peut-être. Une communion, assurément.
La nuit tombe sur la scène Bouregreg. La foule afflue. Très présente, la diaspora malienne, ivoirienne, mais aussi de nombreux Marocains sensibles à la portée de l’artiste. Lorsque Salif Keita entre en scène, c’est une énergie vibrante qui s’empare du public.
Accompagné de ses chanteuses et de ses musiciens, l’artiste malien nous offre un magnifique concert, rempli de vie. L’ambiance était belle, généreuse, rythmée. Dès les premières notes, la foule est emportée. Entre les grands classiques — Mandjou, Tekere, Africa — et les refrains repris en chœur, le concert a pris des allures de fête partagée, de retrouvailles entre les peuples, entre les âmes. Le site patrimonial du Bouregreg s’est transformé en piste de danse à ciel ouvert.
Et dans ce Maroc qui fête les vingt ans de Mawazine, Salif Keita a rappelé que la musique, quand elle est sincère, traverse les frontières, illuminant la capitale de sa seule présence.
Profitant de son passage à Casablanca, la chanteuse...