Casablanca : une métropole qui réinvente la sécurité urbaine pour les femmes
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Casablanca, la capitale économique du Maroc, franchit une étape déterminante en s'engageant officiellement dans l'initiative mondiale « Villes sûres et espaces publics sûrs pour les femmes et les filles » de l'ONU Femmes. Cette décision, annoncée par la maire de la ville, Nabila Rmili, témoigne d’une ambition claire : transformer la métropole blanche en un espace urbain où chaque femme peut circuler, travailler et vivre sans crainte. Plus qu’un simple engagement symbolique, cette adhésion ouvre la voie à des changements concrets et durables, dans un contexte où la sécurité des femmes dans l’espace public demeure un enjeu crucial.
Une initiative mondiale pour des espaces urbains inclusifs
Depuis son lancement en 2008, le programme « Villes sûres » de l’ONU Femmes rassemble des municipalités, urbanistes, experts en sécurité et associations locales autour d’un objectif commun : repenser les villes pour éradiquer la peur et le harcèlement dans les espaces publics. Avec Casablanca, le Maroc compte désormais trois grandes villes participantes aux côtés de Rabat et Marrakech, renforçant ainsi son engagement national en faveur d’une urbanisation inclusive.
Pour Casablanca, l’enjeu est de taille. Avec une population de plus de 3,7 millions d’habitants, la ville est une mosaïque de quartiers où les défis liés à la sécurité varient selon les zones. L’adhésion au programme marque une volonté politique de répondre à ces problématiques de manière systémique. Un plan d’action est déjà en cours d’élaboration avec l’équipe de l’ONU Femmes Maroc, dirigée par Myriem Noussairi. Celui-ci prévoit des mesures concrètes, telles que l'amélioration de l'éclairage public, une refonte des transports en commun et des campagnes ciblées pour sensibiliser les habitants au harcèlement de rue.
Des infrastructures aux mentalités : un double défi
Si la modernisation des infrastructures est essentielle, elle ne peut suffire à elle seule. Comme le soulignent de nombreux experts, la sécurité urbaine passe aussi par une transformation culturelle profonde. Les normes sociales et les mentalités doivent évoluer pour que les femmes se sentent réellement libres et protégées dans l’espace public. Cette transformation nécessite une co-construction citoyenne : la participation active des femmes, le soutien des hommes et un engagement accru des autorités locales, notamment dans les zones périphériques souvent négligées.
Les exemples de Rabat et Marrakech, précurseurs dans cette initiative, offrent des enseignements précieux. À Rabat, des campagnes éducatives dans les écoles ont sensibilisé les plus jeunes au respect dans les espaces publics, tandis que des brigades locales ont été formées pour intervenir rapidement dans des situations de harcèlement. Ces efforts ont également permis de transformer certaines zones réputées dangereuses en espaces piétons sécurisés, favorisant ainsi une présence accrue des femmes et des familles.
Casablanca, de par sa complexité et sa densité urbaine, devra adapter ces initiatives à son contexte spécifique. La ville peut néanmoins s’inspirer de ces expériences pour construire un modèle d’urbanisme inclusif capable de répondre aux besoins diversifiés de sa population.
Une mobilisation locale porteuse d’espoir
L’un des aspects les plus prometteurs de cette initiative est la mobilisation des associations locales et des citoyens. À Casablanca, plusieurs organisations féminines se sont déjà impliquées, proposant des formations pour prévenir le harcèlement, réalisant des cartographies participatives des zones à risque et menant des campagnes de sensibilisation dans les quartiers populaires. Ces actions reflètent une volonté collective de réinvestir l’espace public comme un lieu de partage et de liberté.
Parallèlement, la jeunesse casablancaise s’implique activement. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #CasablancalleSûre gagne en popularité, offrant une plateforme où les habitants partagent leurs témoignages et suggestions pour améliorer la sécurité dans leur ville. Cette dynamique numérique illustre comment la technologie peut devenir un levier d'émancipation, permettant une participation citoyenne active.
Une vision pour une ville inclusive
L’adhésion de Casablanca au programme « Villes sûres » dépasse la simple question de la sécurité. Elle s’inscrit dans une vision plus large de transformation sociale et urbaine. Les ambitions incluent des transports en commun adaptés aux horaires et besoins des femmes, des infrastructures sportives accessibles à tous et des politiques de logement favorisant la mixité et le bien-être.
Cependant, le chemin à parcourir reste semé d’embûches. La mise en œuvre de ces initiatives nécessitera une coordination efficace entre les institutions, des financements adaptés, un suivi rigoureux des actions et une transparence exemplaire. Ces défis ne doivent pas être sous-estimés, mais la perspective d’une métropole plus inclusive et équitable est porteuse d’espoir.
Une nouvelle ère pour Casablanca
Rejoindre l’initiative de l’ONU Femmes est bien plus qu’une reconnaissance internationale : c’est une déclaration d’intention forte. Dans un contexte mondial où les revendications pour davantage de justice et de sécurité dans les espaces publics se multiplient, Casablanca se positionne comme un acteur du changement.
Ce projet dessine un nouvel horizon pour la ville : celui d’une métropole où chaque femme, chaque fille, peut marcher sans crainte, où la liberté de mouvement redevient un droit fondamental. À travers des actes concrets et une vision partagée, Casablanca pourrait bien devenir un modèle de transformation urbaine pour tout le continent africain.





