

Les 19 et 20 septembre 2025, la ville d’Essaouira, joyau du patrimoine mondial de l’UNESCO, accueillera un événement d’une portée humaine et politique rare : la deuxième édition du Forum mondial des femmes pour la paix. Portée par le mouvement Guerrières de la Paix, sous l’impulsion de sa fondatrice Hanna Assouline, cette rencontre internationale se veut un espace de réflexion, d’action et de mobilisation face à un monde miné par les conflits et les divisions.
Le choix d’Essaouira, ville emblématique de la coexistence judéo-musulmane et du dialogue interculturel, n’est pas fortuit. C’est dans ce cadre, empreint d’histoire et de symbolisme, qu’un appel pressant sera lancé : placer les femmes au cœur des négociations et des initiatives pour construire un avenir de paix.
Dans un contexte où la violence et les polarisations dominent l’actualité internationale, le forum s’inscrit comme une réponse urgente. « Ce n’est pas qu’un colloque, mais une déclaration d’intention, un cri collectif pour mettre fin aux cycles de haine et de destruction », explique Hanna Assouline. Parallèlement à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, où les diplomates s’efforceront de trouver des solutions, Essaouira se positionne comme une alternative : celle d’une mobilisation citoyenne et féminine.
Le choix de mettre les femmes au centre de cette dynamique n’est pas anodin. Depuis des décennies, elles jouent un rôle clé dans la préservation de la vie, la reconstruction des sociétés et la médiation des conflits. Pourtant, leur contribution reste largement sous-estimée, notamment dans les processus diplomatiques. En rappelant cette évidence, le forum entend bousculer les paradigmes traditionnels et faire entendre une voix qui ne peut plus être ignorée.
Parmi les participantes attendues figurent des activistes, des universitaires et des figures de la société civile issues du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Europe. Leur diversité incarne à la fois l’universalité des luttes pour la paix et la reconnaissance des spécificités culturelles et historiques de chaque région. Ce dialogue transculturel est essentiel pour bâtir des initiatives adaptées et durables.
Alors que des mouvements féminins émergent partout dans le monde, de l’Iran au Soudan, en passant par l’Amérique latine, le forum illustre une tendance globale : les femmes ne sont plus des spectatrices passives des bouleversements de l’histoire. Elles deviennent des actrices incontournables, redéfinissant les stratégies pour la paix et la justice sociale.
Une des forces majeures de ce forum repose sur le pouvoir du témoignage. Hanna Assouline, également réalisatrice, et la cinéaste marocaine Sonia Terrab ont illustré cette approche dans leur documentaire Résister pour la Paix. Sorti en 2024, ce film explore les récits croisés d’Israéliens et de Palestiniens ayant choisi le dialogue malgré les pertes et les blessures.
L’une des séquences les plus marquantes est celle de Yonatan Zeigen, dont la mère a été tuée lors d’une attaque du Hamas, et d’Ahmed Helou, ancien membre du Hamas ayant perdu des proches à Gaza. Ces témoignages rappellent que, même dans les contextes les plus douloureux, une humanité partagée subsiste. Comme le souligne Assouline : « On ne peut pas bâtir la paix sans reconnaître la souffrance de l’autre. »
Le forum s’inscrit dans une dynamique portée par la résolution 1325 des Nations Unies, qui souligne l’importance de la participation des femmes dans les processus de paix. Selon plusieurs études, les négociations intégrant une représentation féminine aboutissent plus rapidement et génèrent des accords plus durables.
Hanna Assouline en est convaincue : « Les femmes apportent une approche fondamentalement différente. Elles privilégient la réparation plutôt que la destruction, le dialogue plutôt que l’affrontement. » Cette vision ne se limite pas au Proche-Orient. Elle répond à des fractures qui traversent aussi nos sociétés occidentales, gangrenées par le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie.
Au-delà des débats, le forum se veut un acte politique et symbolique : démontrer que la paix est une construction collective, portée par des voix longtemps marginalisées. Pendant deux jours, Essaouira deviendra le théâtre d’un laboratoire d’espoir, où les idées se transforment en actions et où les frontières idéologiques s’effacent.
L’objectif est clair : refuser la résignation et rappeler à la communauté internationale que d’autres voies sont possibles. Alors que les conflits redessinent les équilibres géopolitiques, le forum offre une perspective différente, une alternative basée sur la solidarité, l’inclusion et l’engagement collectif.
Le Forum mondial des femmes pour la paix d’Essaouira est bien plus qu’un événement. C’est un souffle d’espérance qui invite à croire en la capacité de l’humanité à se relever. Face aux tragédies et aux divisions, il rappelle qu’il est toujours possible de tendre la main, de reconstruire et de rêver d’un avenir meilleur.
Pour Hanna Assouline et les Guerrières de la Paix, ce rendez-vous est une occasion unique de prouver que la paix, portée par les femmes, peut devenir une réalité durable. Alors qu’Essaouira s’apprête à briller sur la scène internationale, son message est clair : la paix n’est pas une utopie, mais une nécessité urgente.