

Du 17 au 21 octobre 2025, Rabat deviendra le théâtre d’une célébration ardente de la dramaturgie féminine avec le Festival international des femmes metteuses en scène, « Jassad ». Pour sa troisième édition, cet événement culturel, orchestré par l’Association Théâtre Aquarium et soutenu par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, affirme son rôle central dans la reconnaissance des voix féminines sur la scène artistique mondiale.
Depuis sa création, le festival Jassad s’est imposé comme un espace où les récits féminins s’affranchissent des conventions pour explorer des thématiques complexes, souvent taboues. En 2025, la programmation met en lumière une mosaïque de sensibilités avec douze pièces de théâtre issues de neuf pays : du Maroc à l’Espagne, de la Jordanie à la Roumanie, en passant par la Tunisie, l’Italie et le Liban. Chaque œuvre témoigne d’une créativité audacieuse, portée par des metteuses en scène pionnières qui transforment leurs expériences personnelles en messages universels.
Le choix des œuvres ne se limite pas à l’esthétique ou à l’émotion. Il s’agit aussi de provoquer une réflexion collective sur les enjeux de l’écriture féminine contemporaine. Le festival croise ainsi les disciplines avec des débats, ateliers et rencontres, où artistes et spectateurs questionnent ensemble le rôle du théâtre dans la transformation sociale.
Un des points forts de cette édition est l’implication du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), qui donne au festival une portée plus large en liant art et défense des droits fondamentaux. En mettant l’accent sur les thématiques de l’égalité et de la dignité, Jassad devient un espace où la scène dialogue avec les luttes sociales. Cette dynamique reflète un moment clé dans l’histoire des mouvements féministes au Maroc et dans le monde, où les représentations culturelles jouent un rôle crucial dans la redéfinition des symboles.
L’engagement du festival culmine dans un hommage vibrant à Lina Abyad, metteuse en scène libanaise de renom. Considérée comme une figure majeure du théâtre arabe contemporain, son travail explore les questions du corps, du territoire et de l’identité, faisant de chaque création un acte militant. Son parcours illustre à merveille le pouvoir du théâtre comme outil de résistance douce, capable de transformer les sociétés de l’intérieur.
Jassad ne se limite pas à un simple rendez-vous artistique. Il s’inscrit dans une dynamique plus large, où le Maroc montre un fort engagement pour l’innovation culturelle. En novembre prochain, le pays accueillera par exemple la 25ᵉ édition du Festival national du théâtre à Tétouan, où douze troupes issues de toutes les régions du Royaume rivaliseront pour le Grand Prix national. Parmi elles, des compagnies comme « Tkharchich » de Fès ou « Al Harraz » de Rabat témoignent de la vitalité et de la diversité de la scène théâtrale marocaine.
Le cinéma suit également ce souffle créatif. À Sidi Kacem, le Festival du court métrage marocain célébrera sa 25ᵉ édition en rendant hommage à Abdelhak Mabchour, un pilier du ciné-club marocain. Ce festival mettra en compétition dix films, prouvant une fois de plus que l'image, tout comme la scène, reste un espace fertile pour exprimer des visions novatrices et engagées.
Le succès de Jassad reflète une transformation profonde dans la scène artistique marocaine. La valorisation des femmes créatrices, qu’elles soient metteuses en scène, réalisatrices ou dramaturges, marque un tournant historique. À travers ce festival, le Maroc affirme sa position comme un territoire d’innovation culturelle et un acteur clé dans l’émancipation artistique féminine à l’échelle mondiale.
Entre les ateliers de formation, les colloques et les hommages rendus à des pionnières, Jassad esquisse un avenir prometteur où chaque création devient un acte de foi. Une scène plus ouverte, diverse et engagée se dessine, portée par une urgence créative et l’optimisme que théâtre et cinéma resteront des moteurs de changement social.
Le festival Jassad va bien au-delà de la simple présentation de pièces de théâtre. Il incarne une nouvelle manière de penser l’art et la société, où l’écriture féminine devient un levier pour déconstruire les normes, reconstruire les imaginaires et ouvrir des espaces de dialogue.
En célébrant la pluralité des voix féminines, ce rendez-vous artistique appelle à un renouvellement des pratiques culturelles, où chaque œuvre devient un engagement, chaque scène, un espace de liberté. À travers Jassad, le Maroc montre que le théâtre, comme le cinéma, est non seulement un miroir du monde, mais aussi une force capable de le transformer.