

Sur une table, dans un carnet, ou dans le dossier brouillon d’un téléphone, dorment des mots que personne ne lira jamais. Ce sont les lettres qu’on n’envoie pas — celles écrites dans le silence des émotions, quand la parole est trop lourde ou trop tardive.
Ces lettres ont une force particulière : elles sont vraies. On y écrit sans filtre, sans peur du jugement, sans mise en scène. C’est un dialogue avec soi-même, une confession douce où chaque mot devient une délivrance. On y parle à un amour perdu, à un parent disparu, à un ami éloigné… ou parfois, à soi, celui qu’on a oublié d’écouter.
Les psychothérapeutes appellent cela une “écriture libératrice”. Car mettre en mots ce qu’on ne peut dire à haute voix, c’est déjà commencer à guérir. Ce n’est pas le destinataire qui importe, mais le geste. L’acte d’écrire est une manière de transformer la douleur en clarté, la confusion en compréhension.
Certaines personnes brûlent ces lettres après les avoir écrites. D’autres les gardent comme des talismans d’un passé réconcilié. Il n’y a pas de règle. L’essentiel, c’est ce qu’elles laissent derrière elles : un espace plus léger, un cœur apaisé, un souffle retrouvé.
Peut-être que les lettres non envoyées sont les plus sincères, justement parce qu’elles n’attendent rien en retour. Elles sont les gardiennes de nos vérités silencieuses — et la preuve que parfois, les mots qu’on garde pour soi sont ceux qui nous sauvent.