

Je ne vais pas vous refaire un cours de philosophie, mais il est important avant de lire cet article de comprendre que L’art n’a plus la fonction d’idéaliser Le réel. Les philosophes modernes, notamment grâce à L’esthétique de Hegel, ont dissocié L’art du beau en Lui attribuant une fonction de miroir du monde. L’art ne doit être beau, mais authentique. Et dans notre société où Le corps, la sexualité, Le désir et le plaisir dérangent, «l’artiste nous prête ses yeux pour regarder le monde» comme le disait Schopenhauer. Cette semaine, nous allons nous pencher sur cinq oeuvres qui ont fait scandale provoquant censure, débat médiatiques et polémiques car elles traitent de sexualité. Sassies Gustave Courbet, L’Origine du monde, 1866 « Cachez cette vulve que nous ne saurions voir ». Je ne pouvais pas commencer cet article sans vous parler de «L’Origine du monde», l’un des tableaux les plus célèbres et plus scandaleux du monde, encore considéré comme pornographique sur le web aujourd’hui. Exposée au musée d’Orsay, L'Origine du monde est une oeuvre sulfureuse à cause de sa représentation frontale de L’intimité féminine. Un plan serré sur des cuisses écartées, une chair pulpeuse et soyeuse. Le regard glisse sur le sein et son mamelon dressé pour s’arrêter choqué ou émerveillé sur ce sexe féminin et son buisson de poils offert sans complexe au spectateur. Une oeuvre réaliste sublime qui fait toujours l'objet de censure. En 2014, la performeuse Deborah de Robertis se place sous La toile dans La même position que L'Origine du monde. Par son geste, elle interroge La place, toujours tabou, de La représentation du sexe féminin dans l’art. Encore aujourd’hui, malgré l’abondance d’images pornographiques ou provocantes, La toile n’en finit pas d'inspirer : l’artiste Orlan, s’est emparée du chef d’oeuvre pour le détourner dans son versant masculin, L'Origine de ta guerre (1989) Son but ? Montrer l'autre versant de l'humanité, le pendant de L'Origine du monde. Sassies Constantin Brancusi, Princesse X, 1915-1916 « VoiLà Le phallus ! » Non, vous ne voyez pas un godemiché, mais une princesse. Née pendant le mouvement artistique Dada, Princesse X est une sculpture en bronze poli de forme phallique qui feint de représenter une princesse. Cette sculpture aux allures de sexe masculin joue sur Les frontières des genres. Elle représente en effet les courbes d’un nu féminin épuré jusqu’à l'abstraction, tout en étant un phallus stylisé. Cette oeuvre avant-gardiste sublime dans une même création féminité et masculinité. Du fait de sa forme suggestive, elle fut refusée au Salon d'Antin organisé par André Salmon en 1916 et au Salon des indépendants en 1920, et son auteur la conserva toute sa vie en sa possession. Condensé de vanité, d’érotisme et d'« éternel féminin », ce bijou Luisant qui flirte avec L’abstraction a été légué à l’Etat par le sculpteur en 1957. Sassies l Anish Kapoor, Dirty Corner, 2015 « La profanation de La mémoire » Kapoor est un des artistes Les plus critiqués de La scène artistique contemporaine. En 2015, quand Le château de VersaiLLes donne carte bLanche au pLasticien britannique, sa scuLpture monumentaLe Dirty Corner, surnommée Le Vagin de ta Reine, censée représenter « Le vagin de La reine qui prend Le pouvoir », fait débat. Certaines personnalités du monde culturel condamnent La connotation sexuelle de la scuLpture quand d’autres saluent La Liberté d'expression qu’elle représente. Exposée dans les jardins du château, L’oeuvre est vandalisée de nombreuses fois. Couverte d'inscriptions antisémites et royalistes, L’artiste décide de ne pas Les faire effacer, estimant que « ces mots infamants font partie de mon oeuvre, La dépassent, La stigmatisent au nom de nos principes universels. [...] Je défie désormais Les musées du monde de La montrer telle quelle, porteuse de la haine qu’elle a attirée. C’est le défi de L’art.» Paul McCarthy, Tree, 2014 « Réflexion profonde autour de L’existence même des objets comme mode d’expression à part entière » Paul McCarthy crée des sculptures gonflables de grande taille dont la forme ambiguë est souvent polysémique. Ainsi le fameux Tree, un plug anal de 24 mètres de hauteur déguisé en sapin, érigé place Vendôme à Paris en 2014, a engendré une forte polémique. L’œuvre vandalisée a soulevé une telle animosité qu'elle a finalement dû être retirée. On peut regarder cette œuvre comme une réponse, stylisée, pop et redoutablement efficace adressée à la culture française par l’art contemporain américain. L'art est aussi une pratique qui produit le risque et le défi. Le Tree de McCarthy sur la place Vendôme aurait pu être un très beau début de dialogue non seulement entre l’ancien et Le nouveau monde incarnés par La France et L’Amérique, mais aussi pour tout Le monde. Sassies Robert Mapplethorpe, Man in Polyester Suit, 1980 « Je Le fais avec Les portraits. Je Le fais avec Les bites. Je Le fais avec Les fleurs ». C’est d'abord une superbe photo, d’une incroyable densité lumineuse. Elle est en noir et blanc. Man in Polyester Suit, c’est, dès le premier regard, une sensation de lumière (des plis, des reflets) et la rencontre de deux matières qui se complètent : le tissu brillant d’une veste claire, coupée serrée, contrastant avec La peau d'un homme à l’arrêt, La chair de ses magnifiques mains, et aussi celle de son sexe, invité surprise de l'image, profitant d’une inexpliquée ouverture de braguette pour s’offrir un moment en plein air. Pourtant, cette image de Robert Mapplethorpe a fait couler beaucoup d'encre. Bien qu’exposée sans problème dans plus de vingt galeries du vivant de L’artiste - qui la considérait comme l’un de ses oeuvres les plus personnelles et abouties -, l'image se trouva au centre d’une polémique à rebondissements à partir de 1988, Man in Polyester Suit fut soudainement brandie en exemple absolu de cet « art dégénéré » que quelques députés et sénateurs conservateurs ne souhaitaient plus voir s>afficher dans des lieux bénéficiant de subventions publiques. Aujourd’hui, la photo Man in Polyester Suit est désormais considérée comme une oeuvre majeure de Robert Mapplethorpe, traitant aussi bien des problèmes de race que ceux de la sexualité. Une oeuvre qui s’est vendue pour 500 000 dollars chez Sotheby’s en octobre 2014. t'Ofe Fadwa BERRAMOU
Profitant de son passage à Casablanca, la chanteuse...