La virginité et les marocain(e)s

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Sassies La virginité et les marocain(e)s M Fi'ué,TeTe ftéseNte) Ton tvtviL *M*-\ J /%éN Si iir esr pas Refuse, xe ew ANNvua ^ ig ftWiAGx IL y a quelques mois, Le célèbre rappeur T.l. a provoqué une vive polémique sur la toile et dans la presse internationale, quand il a fièrement affirmé qu’il obligeait sa fille à faire chaque année un test de virginité. Et si cette pratique a choqué, c'est parce qu'elle appartient à des traditions moyenâgeuses, pourtant encore pratiquées et revendiquées au Maroc, car l’hymen attesterait de l’honneur de la famille. Analyse de la valeur sociétale que la femme marocaine a, entre ses jambes. 1 - la soif du sang nuptial Tout le monde a déjà entendu parler du rite du drap nuptial, sur lequel une tâche de sang atteste de la chasteté de La femme. Cette pratique est actuellement en voie de disparition, mais malgré cela, la majorité des familles marocaines continuent d’exiger une « preuve » de La virginité de la mariée. De ce fait, des certificats de ••• Sassies virginité sont encore demandés au Maroc, à des gynécologues dans le meilleur des cas, et à des sages-femmes dans le pire, avant les cérémonies de mariage. Pourtant, la loi n’exige pas de «certificat de virginité» pour la conclusion d’un mariage. Seuls les certificats médicaux des deux partenaires font partie des formalités administratives exigées, une mesure qui a été adoptée en 2004 par la Moudawana. Aujourd’hui encore, la très grande majorité des hommes marocains ne veulent épouser qu'une femme vierge et pure, alors qu'ils ont enchaîné les conquêtes, preuve de leur virilité et de leur grande expérience sexuelle. Pour quelles raisons associe-t-on l’honneur des filles et de leurs familles et leurs hymens ? Est-ce que la seule valeur d’une femme se trouve entre ses cuisses ? Les femmes marocaines ont été élevée dans le culte de la virginité, pendant que leurs frères s’enorgueillissaient de collectionner les aventures. Celles qui ont osé braver la loi et la morale dominante sont considérées comme des dépravées et des filles faciles, tandis que chez les hommes, le sexe avant le mariage est un gage de reconnaissance et de respect. ••• Sassies En sachant que l'Islam condamne Les relations sexuelles pour les deux sexes (« le fornicateur n'épousera qu’une fornicatrice » (Sourate An-nour, verset 3). Autrement dit, on ne peut exiger d’épouser une vierge quand on n’est pas soi-même encore puceau), la virginité est finalement une forme de grave discrimination fondée sur le sexe, qui vient s’ajouter à une liste déjà bien longue. Cet hymen intact, est un traceur de la moralité et ni plus ni moins qu'un moyen de contrôle des corps des femmes et de leur liberté à disposer de leur corps. 2 - Le spectre de l’hymen Il existe des milliards de femmes et tout autant d’hymens en fait. Plusieurs études scientifiques, médecins, organisations, associations... n’ont cessé de rappeler, qu'une femme vierge, peut ne pas saigner pendant sa défloration. L’hymen est une membrane qui peut avoir plusieurs formes et plusieurs épaisseurs. C’est pour cette raison que les femmes peuvent ressentir une forte douleur, ou saigner, ou ne rien sentir du tout, lors d’un acte sexuel avec pénétration. ... Sassies Pourtant, cette tradition injuste et injustifiée continue de résister car ce sont Les femmes, elles-mêmes qui apprennent à leur enfants (garçons) qu’avoir une femme «pure» est une obligation, et ce sont elles qui ont créé le drap portant le sang de la défloration de l’hymen de la vierge et qui le maintiennent à ce jour. t i- i-VJ-i mW Soumaya Naatbwfë Guessous, exoLogue efmilitante féministe, auteur \du Livre Au-delà de \ Toute Pudeur. ••L* J « La vie sexuelle avant le mariage existe, mais elle n'est pas assumée. Beaucoup de ceux qui revendiquent leur sexualité finissent par être emportés par Le carcan sociétal. Au Maroc, l'honneur de la famille se mesure à la virginité de la femme. Peu importe ce qu'une femme a accompli dans sa vie, on juge de sa valeur à partir de cette membrane très fragile qu'est l'hymen. Dans certains milieux, une fille non vierge est aussitôt assimilée à une prostituée.», Sassies En 2020, l’âge moyen de noces pour la femme marocaine est de 28 ans, plus active et plus émancipée. Dans ce contexte de changement social, la virginité est difficile à préserver. « Le célibat étant prolongé, il est plus difficile pour une femme de rester chaste jusqu'au mariage. Les hommes ne sont pas dupes, eux-mêmes ont eu des partenaires sexuelles avant l'union. « Ils se disent : “Et si ma future femme avait été la partenaire de quelqu'un d'autre ?" Du coup, un scepticisme général s'est installé sur la question de la virginité. » Soumaya Naamane Guessous, sexologue et militante féministe, auteur du livre Au-delà de Toute Pudeur. En 2020, la virginité est encore et toujours fantasmée au Maroc. Mais rester vierge jusqu'au mariage peut avoir de sérieuses conséquences sur le couple. D’autres femmes, ont également de graves blocages physiques et psychologiques. Plutôt normal quand toute leur vie, on leur a demandé de protéger une membrane, qu’elles doivent ensuite « offrir » à un homme, avec qui elles n'ont jamais appris à avoir du plaisir. # Sassies Pour celles qui ont de l’expérience, jouer les vierges est tout aussi problématique. Elles n'osent pas se lâcher de peur de passer pour des prostituées. Tout cela témoigne d’un rapport au sexe très hypocrite, dans la société marocaine. « Lorsqu'ils se marient, les hommes ont envie de fantaisie sexuelle dès la défloration. Ils veulent vivre avec une geisha mais se retrouvent avec des femmes sans expérience dont l'appareil sexuel est bloqué depuis la puberté. Tout cela pose des problèmes d'incompatibilité dans le couple, voire d'adultère. » Soumaya Naamane Guessous, sexologue et militante féministe, auteur du livre Au-delà de Toute Pudeur. 3 - Astuces et créativité En 2019, L’OMS, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et L’ONU Femmes ont signé une déclaration appelant à interdire le «test de virginité», également appelé «examen à deux doigts». Suite à cela, des médecins du secteur privé comme du secteur public, ont décidé de ne plus fournir de certificats ni de pratiquer de tests de virginité, avançant le caractère dégradant de ces tests pour les femmes ••• Sassies Work» Health Orçpnization r et La menace que cela fait peser sur leur santé physique et mentale et enfin l’absence d’obligation légale au Maroc. It is not possible to tell a “Virgin” hymen from a “non-virgin" hymen. World H«alth frganizatton Pourtant, cela n’a pas empêché les dogmes de persister dans la société. Le mythe de la pureté des femmes continue à être entretenu, notamment grâce à des moyens ingénieux : Poche d’albumine, foie de volaille, reconstruction de l’hymen... Grâce à cela, il est facile de créer une illusion de virginité lors de sa nuit de noces, et de vivre une deuxième « première fois ». Comment peut-on s’étonner de ce marché très lucratif de ces hymens quand on place le corps des femmes au centre d’une idéologie patriarcale ? Finalement, au lieu de changer les mentalités, on invente des façons originales de perpétuer cette idéologie. Dans « Sexe et mensonges. La vie sexuelle au Maroc », Leïla Slimani, traite Sassies de ce sujet dans un Maroc où La sexualité est autant un tabou, qu’une obsession. Les moeurs évoluent, et la virginité devient de plus en plus incompatible avec La nouvelle réalité sociale. Mais, comme l’explique Amal Chabach, sexologue à Casablanca, il reste difficile pour une Marocaine d’assumer une sexualité épanouie, même après avoir perdu sa virginité. “A l’égard de la sexualité préconjugale, notre société cultive un triple interdit : éducationnel, religieux et Légal. Comment voulez-vous ne pas culpabiliser dans ces conditions ?” s’indigne-t-elle. Heureusement, de plus en plus d’hommes ne font plus de la virginité une condition. L’amour et la bonne entente sont, logiquement, les conditions pour eux pour un mariage heureux. Une redéfinition de l’honneur s’impose d’urgence et je ne peux que valider les propos de Marya Khtira, sociologue qui dit très justement qu' « il est inadmissible de demander aux femmes de respecter des règles que Les hommes sont censés enfreindre. »