

Installé au Maroc depuis 2023, Juan Gerardo Ugalde Salinas, commissaire d’exposition d’origine mexicaine, dévoile au musée Yves Saint Laurent Marrakech un projet aussi poétique que symbolique : Oiseaux du Mexique. Pensée comme un pont entre deux cultures riches et parfois méconnues l’une de l’autre, cette exposition inédite explore les résonances entre le Maroc et le Mexique à travers la figure de l’oiseau, omniprésente dans les traditions artistiques des deux pays. Dans cette interview, il revient sur la genèse du projet, sa portée symbolique et culturelle, ainsi que sur les multiples événements qui accompagnent cette immersion sensorielle et intellectuelle. Une invitation à voyager, à questionner notre lien à la nature, et à découvrir l’âme mexicaine depuis le cœur de Marrakech.
Comment est née l’idée de l’exposition « Oiseaux du Mexique » ?
Quand je me suis installé au Maroc en 2023, j’ai été frappé par les nombreuses similitudes entre le Mexique et le Maroc, notamment dans les arts décoratifs. Et puis, en me promenant souvent au Jardin Majorelle, juste à côté du musée Yves Saint Laurent marrakech, j’ai remarqué la présence très marquée des oiseaux, à la fois dans le jardin lui-même et dans l’œuvre de Yves Saint Laurent, qui s’en est beaucoup inspiré. C’est là que l’idée a commencé à germer.
En creusant un peu plus, je me suis rendu compte à quel point l’oiseau est une figure importante dans la culture mexicaine. Cette réflexion m’a permis de construire la structure de l’exposition autour de ces résonances entre les deux cultures.
En quoi cette exposition s’inscrit-elle dans la ligne curatoriale du musée Yves Saint Laurent Marrakech ?
Depuis quelques années, nous explorons au musée les liens entre l’art, la nature et les cultures du Sud. Il y a trois ans, nous avions présenté Serpent, une exposition sur l’art aborigène australien, qui établissait un premier pont culturel entre l’Australie et le Maroc à travers le symbolisme animal.
En 2024, Cactus nous a permis de mettre en lumière l’importance de la nature dans les expressions esthétiques à travers le monde.
L’exposition Oiseaux du Mexique s’inscrit dans cette même démarche : celle de questionner le rapport entre l’humain et la nature, à travers la culture. C’est dans cette continuité que ce nouveau projet a vu le jour.
Que représente cette exposition pour le rayonnement culturel de Marrakech et du Maroc ?
C’est une opportunité précieuse de faire découvrir une culture, celle du Mexique, à laquelle les gens n’ont pas toujours facilement accès, et que l’on ne connecte pas spontanément au Maroc. C’est d’ailleurs la toute première fois que ces œuvres sont présentées non seulement au Maroc, mais aussi sur le continent africain.
Le musée Yves Saint Laurent marrakech joue ici un rôle de véritable fenêtre sur le monde. Et cette exposition permet aussi, de manière subtile, de mettre en lumière l’influence de la culture musulmane, arabe et amazighe sur certaines expressions artistiques du continent américain.
Comment le public marocain, et en particulier les jeunes, peut-il s’approprier cette expérience artistique ?
Cette exposition est une belle opportunité pour le public marocain de découvrir une culture lointaine, celle du Mexique, sans quitter Marrakech. Elle permet de créer un lien entre deux mondes que tout semble opposer, mais qui partagent pourtant des influences communes.
Pour les jeunes, c’est une manière concrète d’explorer une autre culture tout en prenant conscience que leur propre héritage amazigh, arabe, musulman a voyagé, influencé, inspiré, jusqu’à l’autre bout de l’océan.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les événements parallèles prévus durant l’exposition ?
Oui, en parallèle de l’exposition, nous avons mis en place un cycle de dix films mexicains, pour permettre au public de s’immerger encore davantage dans la richesse de la culture mexicaine. Les projections sont gratuites et ont lieu chaque samedi, en simultané à l’auditorium Pierre Bergé du musée Yves Saint Laurent marrakech et à la Cinémathèque de Tanger, avec le soutien de la Fondation Jardin Majorelle.
Nous organiserons également un cycle de conférences autour des thématiques de l’exposition, afin d’approfondir la réflexion et d’ouvrir le dialogue entre les cultures.
Comment la programmation cinématographique vient-elle enrichir l’expérience du visiteur ?
Le cinéma permet de contextualiser l’exposition en plongeant le visiteur dans la réalité du paysage et de la société mexicaine, à travers différentes époques.
Grâce aux décors, on visualise les rues, les maisons, l’ambiance des villes et des villages. Les dialogues révèlent les liens familiaux, les relations sociales, les émotions. La mise en scène, quant à elle, donne accès aux habitudes de vie, à l’alimentation, au style vestimentaire, aux coutumes…
Le format cinématographique, avec la force du son, de l’image et du rythme narratif, est un excellent vecteur d’immersion sensorielle et culturelle. C’est un complément précieux à l’exposition, qui permet d’aller au-delà des œuvres et de ressentir pleinement l’âme de la culture mexicaine.
Quels sont les temps forts à ne pas manquer d’ici juillet 2025 ?
Il ne faut pas manquer les films et les conférences.