

Le Complexe Mohammed VI de football a été, la semaine dernière, le théâtre d’un sommet stratégique organisé par la FIFA et dédié à la promotion du football féminin. Cet événement marque une nouvelle étape pour le Maroc, qui s’apprête à accueillir, dès 2025, la première édition annuelle de la Coupe du monde féminine U-17. Ce projet, inédit dans l’histoire du football, consacre le royaume comme un acteur clé du développement de la discipline et ouvre la voie à une nouvelle ère pour le sport féminin mondial.
L’attribution de cinq éditions consécutives (2025-2029) de la Coupe du monde féminine U-17 au Maroc symbolise une ambition claire de la FIFA : accélérer la professionnalisation du football féminin dans le monde entier. Ce projet, inscrit dans le cadre du programme Talent Development Scheme (TDS), repose sur un triptyque simple mais structurant : « Trouver, former, jouer ».
Chaque fédération membre est encouragée à identifier les 50 meilleures jeunes joueuses de sa région, leur offrir des séances d’entraînement régulières et les exposer à des compétitions nationales et internationales. Grâce à ses infrastructures de pointe, notamment le Complexe Mohammed VI, le Maroc est parfaitement positionné pour devenir un laboratoire de cette stratégie mondiale.
Le pays ne se contente pas d’être une simple hôte. Il ambitionne de jouer un rôle moteur dans la collecte et l’analyse des données sur l’évolution du football féminin, en collaboration avec la FIFA Technical Study Group. Chaque match du tournoi sera analysé en profondeur, intégrant des statistiques et des insights qui enrichiront une base de données mondiale. Cette démarche scientifique permettra de suivre les progrès réalisés depuis les précédentes éditions, comme celles d’Inde (2022) et de République dominicaine (2024).
L’une des innovations majeures de ce projet réside dans la cadence annuelle de la compétition. Contrairement au format biennal traditionnel, souvent critiqué pour les interruptions qu’il impose, cette régularité permet aux joueuses de maintenir un niveau de performance constant. Ce changement est particulièrement crucial pour les jeunes athlètes, dont les carrières se jouent sur des fenêtres temporelles étroites.
Pour les Lionnes de l’Atlas, cette récurrence représente une opportunité sans précédent. En affrontant chaque année des équipes internationales expérimentées, elles pourront affiner leurs tactiques, renforcer leur préparation physique et mentale, et se mesurer aux meilleures joueuses du monde. Ce processus de confrontation régulière est essentiel pour bâtir une équipe compétitive à l’échelle mondiale.
Au-delà des terrains de compétition, l’organisation de ces tournois aura un impact significatif sur le football local. Les échanges entre clubs, académies et ligues féminines vont s’intensifier, favorisant une montée en compétence généralisée. Par ailleurs, la visibilité médiatique accrue permettra de consolider la place des femmes dans le sport et d’inspirer une nouvelle génération de jeunes joueuses.
La présence de figures emblématiques lors du sommet, telles qu’April Heinrichs, première capitaine championne du monde en 1991, témoigne de l’importance de cet événement pour la scène internationale. Elle a salué les efforts marocains, affirmant que « ce que le Maroc construit ici dépasse les frontières : des infrastructures modernes aux terrains de quartier, le pays incarne une culture du football en pleine effervescence ».
Dans le même esprit, Tom Gardner, responsable de l’analyse de performance à la FIFA, a souligné que « l’accélération du développement féminin au cours des dix dernières années est extraordinaire. Grâce au Maroc, nous disposons désormais d’un modèle pour comparer les progrès régionaux et globaux en temps réel ».
Ce sommet s’inscrit dans une stratégie sportive marocaine déployée depuis près de deux décennies. Après avoir modernisé ses infrastructures et investi dans des programmes de formation de haut niveau, le Maroc est devenu un acteur incontournable sur la scène mondiale. Ses récents succès, comme la qualification historique des Lionnes de l’Atlas au Mondial 2023 et la performance de l’équipe masculine lors de la Coupe du monde 2022, confirment cette trajectoire ascendante.
En accueillant la Coupe du monde féminine U-17, le Maroc devient la première nation africaine à se voir confier une telle responsabilité. Ce rôle de pionnier reflète non seulement son ambition, mais aussi sa capacité à allier vision et action pour transformer durablement le paysage sportif.
L’organisation de ces cinq éditions successives scelle une coopération unique entre le Maroc et la FIFA, et ouvre de nouvelles perspectives pour le football féminin mondial. En mettant en place un écosystème où les jeunes talents peuvent s’épanouir, le pays trace une voie prometteuse pour les générations futures.
Le Maroc n’est plus simplement un spectateur ou un contributeur au développement du football féminin. Il en devient un acteur central, un moteur de transformation. Cette ambition, associée à une vision claire et à des investissements constants, positionne le royaume comme un modèle à suivre pour d’autres nations aspirant à promouvoir l’égalité des genres dans le sport.
Vers de nouveaux sommets, le Maroc prouve que le football féminin peut être bien plus qu’un jeu : un vecteur d’émancipation, de progrès et d’inspiration pour des millions de jeunes filles à travers le monde.