Sous les voûtes historiques du cinéma Renaissance, la capitale marocaine a accueilli, du 20 au 24 octobre 2025, la 10ᵉ édition du Cycle du Cinéma Nordique, un événement devenu un véritable carrefour des cultures. Organisé par les ambassades de la Suède, du Danemark, de la Norvège et de la Finlande, ce rendez-vous a mis cette année à l’honneur le regard féminin, à travers une sélection de films réalisés par des femmes scandinaves, ouvrant ainsi un espace de réflexion sur leur rôle dans le cinéma mondial.
Depuis ses débuts, le Cycle du Cinéma Nordique s’est distingué par sa capacité à jeter des ponts entre les cultures du Maghreb et de l’Europe du Nord. Cette édition, entièrement dédiée aux créatrices du septième art, s’inscrit dans un contexte mondial où les femmes réalisatrices, longtemps sous-représentées, revendiquent leur place dans une industrie en pleine mutation.
Les projections ont mis en lumière des œuvres qui, au-delà de leur dimension artistique, questionnent les dynamiques sociales et les rapports humains. À travers des récits empreints de poésie et de réalisme, les spectateurs marocains ont plongé dans un univers cinématographique marqué par une écriture sensible et audacieuse.
Le cinéma nordique, réputé pour sa sobriété esthétique et sa profondeur narrative, a offert une riche palette d’émotions. Les films projetés, tels que Tove de Zaida Bergroth, retraçant la vie de l’illustratrice finlandaise Tove Jansson, ou encore Charter d’Amanda Kernell, explorant les dilemmes d’une mère face à la garde de ses enfants, ont captivé le public par leur authenticité poignante.
Ces œuvres, bien que profondément ancrées dans leur contexte scandinave, transcendent les frontières culturelles. Elles abordent des thèmes universels tels que la quête d’identité, la résilience face à l’adversité et les tensions entre tradition et modernité. Par le prisme de la sensibilité féminine, elles interrogent des réalités souvent passées sous silence, tout en donnant un écho particulier aux luttes pour l’égalité et la reconnaissance.

Au-delà des projections, le festival a été un lieu d’échange et d’apprentissage. Des ateliers et des débats ont permis à de jeunes cinéastes marocain·e·s, en particulier des femmes, de dialoguer avec les réalisatrices invitées. Ces rencontres ont suscité une réflexion sur les défis que rencontrent les femmes dans l’industrie cinématographique, qu’il s’agisse de financement, de représentation ou de liberté artistique.
Le cinéma marocain, en pleine effervescence grâce à des figures telles que Maryam Touzani (Adam, Le Bleu du Caftan), trouve dans ce type d’événement une source d’inspiration et une opportunité de collaboration avec le Nord de l’Europe. À l’ère où l’interculturalité devient un enjeu central, ces échanges ouvrent la voie à une création cinématographique plus inclusive et diversifiée.
En filigrane, le Cycle du Cinéma Nordique illustre également l’importance de la diplomatie culturelle. La culture, et en particulier le cinéma, devient ici un moyen de tisser des liens profonds entre les peuples. Les ambassades scandinaves au Maroc, en partenariat avec des institutions culturelles locales, démontrent que les collaborations artistiques peuvent servir de puissant vecteur de rapprochement.
Lors de la soirée d’ouverture, l’ambassadrice de Suède, Maria Andersson, a souligné l’importance d’une telle initiative : « Les récits que nous partageons aujourd’hui ne sont pas seulement des histoires venues du Nord, ce sont des histoires humaines, universelles, qui parlent à tous. » Une déclaration qui résonne particulièrement dans un monde marqué par les divisions et les incompréhensions.
Alors que le rideau est tombé sur cette 10ᵉ édition, une chose est claire : le Cycle du Cinéma Nordique se positionne comme un événement clé pour les amateurs de cinéma et les défenseurs du dialogue culturel. En mettant en lumière le regard féminin, il s’aligne sur une tendance mondiale où les femmes occupent de plus en plus le devant de la scène, que ce soit derrière la caméra ou dans les récits qu’elles façonnent.
Les perspectives de cet événement sont prometteuses. Avec un public marocain de plus en plus curieux et ouvert aux nouvelles influences, et une scène cinématographique scandinave en constante évolution, le Cycle du Cinéma Nordique est bien parti pour devenir un modèle de collaboration culturelle.
L’année prochaine, la programmation promet déjà de repousser les limites, avec des thématiques encore plus audacieuses et des rencontres enrichissantes. Car si le cinéma est une fenêtre sur le monde, il est aussi un pont entre les imaginaires, et Rabat, au croisement des cultures, en est l’écrin idéal.
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