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Comment la Hshouma définit nos comportements

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On peut lire dans la 4e de couverture de « Hshouma : Corps et sexualité au Maroc » de Zainab Fasiki : « Au Maroc, il est hshouma de discuter de certains sujets, notamment de la sexualité et le corps, et encore plus de vouloir les vivre…" La bédéiste n’a pas tort. Un bon nombre d’idées reçues, de mythes et de blocages sexuels viennent de cette honte que les marocains (et les arabes de façon globale) ressentent vis-à-vis de la sexualité. Cette honte à des conséquences parfois graves sur notre relation à l’autre, à son corps et au plaisir. 

Hshouma qui signifie honte en arabe, désigne l’ensemble des sujets tabous que l’on ne doit pas aborder en société ou en famille comme le sexe, la nudité, le plaisir, la masturbation… En bref, elle désigne tous les clichés ancrés dans la société patriarcale marocaine. On ne parle pas ou très peu de ces sujets et pourtant…

54% des femmes marocaines ont à subir au moins une forme de violence sexuelle au cours de leur vie, mais une sur trois seulement ose en parler à un proche, ou à une institution. Elles craignent la fameuse «hchouma », la honte qui s’abat sur celles qui sont pourtant victimes. Elles sont donc encore moins nombreuses à porter officiellement plainte : 6,6%.

Au Maroc, bien souvent, quand elles le font, la procédure se retourne contre elles et elles se retrouvent poursuivies pour relations sexuelles hors mariage…

La hshouma est donc représentative de notre société corsetée qui n’est in fine que génératrice de frustrations et de violences, mais pas que…

Une honte difficile à dépasser

Soumaya Naamane-Gessous, est sociologue, professeur à l’université de Casablanca et auteure en 1987 du livre Au-delà de toute pudeur, qui a permis aux femmes marocaines une première prise de conscience de leur droit à la sexualité et à leur place dans la société. Dans ce livre emblématique, elle montre combien la « hshouma » inculquée aux filles dès l’enfance, est ensuite très difficile à dépasser. C’est comme une injonction à être toute sa vie dans la faute.

Dans son dernier livre, Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc, Leïla Slimani dénonce les démons intimes du Maroc : la liberté sexuelle étouffée, les tabous et interdits : de la sexualité hors mariage, de l’homosexualité, de la prostitution…

« Les Marocains sont à la fois coincés et totalement obsédés par le sexe ».

On est à la jonction de deux mondes : celui de la tradition et de ses interdits, de la domination des hommes sur les femmes ; et celui de la modernité où la femme est un sujet provoquant des réactions fortes par un ordre masculin qui se sent menacé. Car son corps est vu par une bonne partie de la société comme un sujet tabou et un provocateur de honte.

Parler de sexe, c’est super-hshouma et ce n’est pas sans conséquences

Il n’existe pas de chiffres officiels, mais, selon le rapport «â€¯Sexualité et monde arabe » publié par l’Arab Women’s Solidarity Association-Belgium (AWSA-Be), «â€¯de nombreuses sexologues originaires du monde arabe et/ou musulmanes constatent que le vaginisme est très fréquent chez les jeunes femmes ayant été éduquées dans des familles traditionnelles où les rapports homme-femme sont entourés d’interdits et de tabous ».

Dans beaucoup de familles arabes, les jeunes filles grandissent avec l’idée que le sexe pratiqué hors mariage est interdit, sale, qu’il pourrait provoquer le déshonneur familial. Ces croyances dues à la hshouma peuvent créer une sorte de phobie de la pénétration. Les conséquences sont multiples. Le vaginisme en fait partie : lors de l’acte sexuel, le sexe de la femme se contracte tellement qu’il est impossible que le pénis pénètre dans le vagin.

Les difficultés sexuelles des femmes et des hommes (éjaculation précoce…) viennent de la méconnaissance de leur corps et de l’éducation stricte pleine de tabous. Or, le fait de parler de sexualité permet de la normaliser. Beaucoup de gens ont honte d’en parler mais ont besoin d’en parler. Pour Zina Hamzaoui, sexologue, ce qui est hshouma, c’est surtout de rendre la sexualité honteuse.

L’inculcation de valeurs d’éducation sexuelle contribuera en grande partie à éviter ou du moins à atténuer les problèmes de société étroitement liés au corps de la femme. Si la honte permet de réguler les comportements et de parfois nous protéger, pas question de la laisser se transformer en dégoût de soi. Jouissez beaucoup ou pas du tout. Être maître-sse de votre sexualité n'est pas une erreur. C'est une nécessité. A vous de déconstruire ce qu’on vous a appris et à ne retenir que le meilleur !

 

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