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Violences sexuelles au Maroc faut-il encore en parler ?

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L’affaire Ikram, les propos misogynes du gynécologue qui ont choqué les internautes,… Encore une fois, des cas de violences sexuelles à l’égard des femmes défraient la chronique marocaine. Alors que des collectifs et des comptes fleurissent sur internet à l’instar de @laviedunemarocaine ou @bentdarhoum pour participer à l’évolution de la société, j’aimerai revenir sur ce phénomène dangereux de la normalisation des violences à l’égard des femmes.

Jeudi 25 mai, le Comité Parité et Diversité de la chaîne nationale 2M, a organisé un webinaire d’actualité intitulé « Normalisation des violences à l'égard des femmes : comment déconstruire ce fléau ? ». La conférence a éclairé certaines des raisons pour lesquelles les femmes sont si mal traitées dans notre société, et je pèse mes mots.

En cette période de confinement, plusieurs études ont montré que les violences familiales et conjugales ont augmenté. Ces chiffres qui s’ajoutent aux affaires de viols qui secouent l’actualité et choquent la population de temps à autres, relancent le débat (utile ou pas, à vous de juger) sur la place de la femme marocaine dans la société.

Cette même société tiraillée entre modernité et conservatisme continue de banaliser les crimes contre les femmes dans un pays, qui d’après les discours officiels, scande un islam tolérant et une grande considération de la population féminine. Malgré toute cette bonne volonté, cette dernière continue d’occuper discrètement l’espace public, la tête baissée, et subit fréquemment insultes, remarques désobligeantes et autres agressions sexistes totalement gratuites. Selon les chiffres officiels, deux marocaines sur trois sont victimes de violence, dans la réalité, nous l’avons toutes été au moins une fois.

Selon Mounia Semlali, Responsable du programme Justice de Genre chez Oxfam Maroc, les normes sociales, la limite de certaines lois, le manque de confiance en la police et les croyances patriarcales de la société marocaine expliquent en partie la forte culture de la violence envers les femmes.

La masculinité toxique (concept de « roujoula ») et certaines croyances dépassées comme « setra » fondent l’objectivisation de la femme et poussent certains hommes à considérer que leurs femmes, leurs sœurs, leurs filles… leur appartiennent et qu’ils ont donc, tous les droits sur elles. La forte culture de la violence au Maroc fait que l’on trouve tout à fait normal de voir des gens se battre dans la rue mais totalement indécent de voir un couple s’enlacer ou s’embrasser (blasphème !).

Chakib Guessous, socio-anthropologue explique que certaines idées remontant aux sociétés primitives, bien avant l’apparition des religions monothéistes, agissent sur notre subconscient aujourd’hui. Tout commencerait par une question d’héritier : pour qu’un homme soit sûr que ses enfants soient bien de lui, afin qu’ils héritent de ses biens, il s’assurait d’avoir un contrôle total sur la sexualité de sa compagne. Même scénario pour un père qui veut être sûr que sa petite fille ne tombe pas enceinte hors union légale. Ceci a poussé les hommes à soumettre les femmes en les mutilant (excision, mutilations génitales), en les mariant de force ou en leur enlevant certains droits comme celui de travailler, afin qu’elles soient in fine, dépendantes entièrement des hommes.

De plus, pour bien gérer la génitalité des femmes, les hommes les ont aussi châtiées et punies (crimes d’honneur). Ils ont amoindri leurs capacités en ne les envoyant pas à l’école et en les isolants à la maison. On les a alourdies de travaux ménagers et on leur a interdit d’hériter. Tout ceci rajouté aux facteurs sociaux tels que l’absence de protection publique, contribue à la banalisation des violences envers les femmes. En gros, dans la tête des agresseurs, une femme est un objet, donc je n’ai qu’à me servir.

Je ne veux plus me regarder dix minutes devant un miroir pour cacher mes formes pour ne pas attirer le regard, je ne veux plus accélérer le pas quand un groupe d’hommes se trouve sur mon chemin, je ne veux plus faire en sorte de ménager l’égo des hommes en me montrant douce et gentille. Je veux flâner seule dans les rues de mon pays chéri à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Je veux que soient enfermées ceux qui frappent, qui violent et agressent impunément. Je veux toucher le même salaire qu’un homme pour le même poste. Je veux avoir les mêmes droits qu’un homme, car je suis moi aussi tout autant citoyenne, marocaine et musulmane que lui. Je veux vivre tout simplement. Quand est-ce qu’on change ?

 

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