#BLM : ces genres musicaux qui nous viennent des noirs

Par Benzakour Fatma Yasmine Publié Samedi 26 Septembre 2020 - 09:54

Artsies

« Black magic, black excellence

Black habits, this black medicine, everything

Black hug, black love, everything

Black tie, black ride, everything, everything

Black pride, black lives, everything » ~ D Smoke

Comment pouvons-nous opprimer un peuple qui a tant donné ? Comment pouvons-nous nier que ce que nous portons, mangeons et écoutons retrouve forcément ses racines dans la culture afro-américaine et plus généralement la culture africaine ? En effet, de nombreux genres musicaux proviennent de communautés qui ont des racines visibles en Afrique. En Amérique du Nord, c'était un moyen pour les premiers esclaves de s'exprimer et de communiquer lorsqu'ils étaient déplacés de force et que des restrictions étaient imposées sur les activités culturelles qu'ils pouvaient exercer. À une époque où leur monde était bouleversé, la musique a servi d'échappatoire et de forme d’expression pour les premières communautés noires. La capacité de la musique à agir comme un facteur de liaison donne à toutes les cultures un fort sentiment de connectivité.

Blues : Pas de roses sans épines

B.B King, le roi du Blues

Né dans le Sud des États-Unis vers les années 1870, le blues est presque aussi vieux que la musique populaire elle-même. Au début, le Blues était principalement associé à tout ce qui était lié au vice, le genre musical des hors-la-loi et des criminels. Mais le Blues doit plutôt être considéré comme le cri des personnes marginalisées de la société : les pauvres, les aveugles, les malchanceux et surtout, les noirs. Le blues, avant le R&B, était malheureusement connu sous le nom de "race music". Le blues gagne les cœurs parce que c'est de là qu'il vient. Le mot "blues" décrit un état de dépression associé à un abus chronique d'alcool. Comme les premiers musiciens de blues étaient souvent des hommes seuls avec un passé tragique ou criminel, dépendants de l'alcool et de la drogue, le "blues" faisait partie de leur vie quotidienne. On dit souvent que le blues est le contraire du gospel : que ce dernier est la musique de Dieu, alors que le premier est la musique du diable.

Il se caractérise par l'utilisation de la guitare, d'abord simple, puis complétée par la batterie et la basse. Les chansons sont écrites en rimes AAB, en séquences harmoniques et sur un rythme 4/4.

Jazz : Quand l’Europe rencontre l’Afrique sur le territoire Américain

Le jazz est né à la Nouvelle-Orléans au début du 20^ème siècle, mais ses racines se trouvent dans la musique d'Afrique et d'Europe. En effet, la Nouvelle-Orléans était la ville parfaite pour que tous ces éléments se rejoignent. Ville portuaire, elle était le lieu de rencontre de différents groupes ethniques, et sa vie nocturne permettait aux musiciens de jouer ensemble, d'apprendre les uns des autres. De la musique africaine, le jazz a tiré son rythme, son "feeling" et le fait de jouer d'un instrument d’une manière expressive comme une voix humaine.  De la musique européenne, le jazz a tiré son harmonie et ses instruments, car la plupart des instruments utilisés sont originaires d'Europe (saxophone, trompette, piano, etc.). Au milieu des années 70, le jazz est fortement réprimé et éclipsé par le R&B. De ce pas, de nombreux musiciens de jazz américains migrent vers l'Europe, où sont financés les festivals de jazz (en particulier en Scandinavie et en Europe de l'Est).

Le jazz est interprété par un Ensemble, chacun maîtrisant (très) bien son instrument et où l'interaction entre ces musiciens est cruciale. Par rapport au rock ou au blues, les musiciens de jazz ne suivent pas de partition complètement prédéterminée car ils doivent "sentir" ce que les autres s'apprêtent à jouer et comment la musique va évoluer. D'une certaine manière, la véritable musique jazz ne peut être expérimentée qu'en live. C'est pourquoi ce genre fait partie d'une sous-culture nocturne florissante dans les bars.

R&B : Une combinaison contrastée

Aaliyah, la princesse du R&B

Le rhythm and blues, abrégé en R&B, est un genre de musique populaire qui a vu le jour dans les communautés afro-américaines dans les années 1940. Comme son nom l'indique, le Rhythm 'n' Blues est la puissante combinaison de deux genres de musique ancienne. Le gospel (le rythme) d'une part, qui fournit un tempo groovy infectieux déjà perceptible à l'époque des premiers barbiers avec des claquements de mains et des voix vibrantes rythmées. Le blues, d'autre part, qui délivre des accords chauds et des basses riches. Le "Gospel & Blues" combine divers éléments musicaux et est donc un genre hybride très flexible, formant un pont entre de nombreux super-genres. Le R&B peut être le juste milieu entre le Blues et le Rock, mais aussi entre le Rap et la Pop ou le Gospel et la House, ce qui en fait l'un des genres musicaux les plus accessibles. Bien que le R&B soit un ensemble de genres plutôt divers, les thèmes communs d'optimisme, d'amour et de joie reviennent dans chacun d'entre eux. Une ambiance positive, amplifiée par des performances revigorantes d'artistes à l'apparence charismatique et rayonnante, fait du R&B l'un des genres les plus populaires. Une telle joie est une rupture nette avec son prédécesseur, le Blues. Tout le R&B peut être divisé en trois familles fortes encore plus connues que le R&B lui-même : La Soul, le Funk et l'Urban.

Soul et Funk : les bébés du R&B

La soul est une continuation séculaire et plus orientée vers la pop du Gospel : des chansons douces et émotionnelles (généralement sur l'amour) avec des valeurs de production élevées mais une volonté encore plus bienveillante. La Soul fait en fait référence à une qualité personnelle de haute moralité : une personne Soul est un être juste. La soul était le genre musical dominant dans la première moitié des années 60 et est restée populaire depuis. Avec de multiples sous-genres et trois revivals (Neo-Soul, Vintage Soul Revival et Future Soul), il est clair que la force de la Soul n'a guère diminué.

Le funk évolue à partir de la Soul mais s'étend au Jazz et à un peu de Rock pour créer une musique encore plus rythmée, basée sur un seul accord. Le Funk apporte un groove répétitif et pulsé autour duquel chaque chanson est construite, ce qui rend le genre plus propice à la danse que la Soul. Le Funk aime utiliser la basse ou des distorsions électro-synthétiques pour créer un son "gras", tandis que la section des percussions se distingue à peine de la mélodie ou de la basse : tous les instruments ne font plus qu'un - le Funk groove. Le mot funk est dérivé d'un vieil argot pour désigner l'odeur du sexe. De nombreux sous-genres de Funk ont émergé et les récents renouvellements prouvent une popularité indéfectible. Bien que le Funk n'ait jamais été mainstream ni underground, il sait exactement comment rester à la pointe de l'actualité. Contrairement au disco (un mélange de Funk et de Soul d’ailleurs) qui envahit toute la scène musicale populaire à la fin des années 70.

Hip-Hop : La contre-attaque du disco

Tout commence le 11 Août 1973, quand DJ Cool Herk organise une fête «  Back to School Jam » dans le sud du Bronx pour la jeunesse Newyorkaise opprimée en réponse à l’expansion des soirées disco élitistes. En effet, le hip-hop, en tant que genre musical et culture, s'est formé dans les années 1970, lorsque les fêtes de quartier sont devenues de plus en plus populaires à New York. Lors de ces fêtes, les DJ jouaient des breaks percutants de chansons populaires en utilisant deux platines et un mixeur de DJ pour pouvoir jouer les breaks de deux copies du même disque, en alternant de l'un à l'autre et en prolongeant le "break". L'évolution du hip-hop s'est faite au fur et à mesure que la technologie devenait largement disponible et abordable. Ce n'est qu'en 1979 que la musique hip-hop a été officiellement enregistrée pour être jouée à la radio ou à la télévision, en grande partie à cause de la pauvreté qui a marqué la naissance du genre et du manque d'acceptation en dehors des quartiers ghetto. Le hip-hop old school a été la première vague du genre, marquée par son influence disco et ses paroles axées sur la fête. Les années 1980 ont marqué la diversification du hip-hop, le genre ayant développé des styles plus complexes et s'étant répandu dans le monde entier.

A noter que cette liste est non exhaustive dans la mesure où beaucoup de genres ont prétendument des racines black notamment le rock n’ roll dont les origines demeurent discutables.